Centenaire du Lycée Pasteur
Le Lycée Pasteur…. Cent ans déjà !
Au début du XXe siècle, le projet de création d’un lycée à Neuilly est relancé à plusieurs reprises.
En 1907, le Conseil municipal adopte le principe de la construction d’un lycée de garçons sur le territoire communal. L’année suivante, grâce aux démarches entreprises notamment par le nouveau maire Edouard Nortier, l’Etat accepte enfin de participer pour moitié au financement du futur établissement scolaire, dont le coût est alors estimé à 4.800.000 francs.
En février 1909, des terrains d’une superficie d’environ 17.500 m2, situés dans l’ancien Parc du château de Neuilly (rue Victor Hugo), et appartenant aux Dames Augustines anglaises sont mis en vente. Mais la commune ne se porte pas acquéreur, préférant choisir un autre emplacement.
Le 27 avril 1909, elle achète trois lots de terrains, situés rue Perronet, rue Borghèse et boulevard Inkermann, et formant un trapèze d’une superficie de près de 12.500 m2, pour la somme de 237.000 francs. Le 2 juillet suivant, un dernier terrain, acquis rue Borghèse, vient compléter l’ensemble.
Le 10 février 1911, le Conseil municipal renonce au système du concours et choisit l’architecte Gustave Umbdenstock pour concevoir l’édifice. Construit en briques et pierres, le nouveau lycée est officiellement ouvert le 13 juin 1914. Tout est prêt pour la rentrée, prévue quelques mois plus tard.
Mais la mobilisation générale du 2 août vient perturber le cours des évènements. Dès le 8 août, le Ministère de la Guerre réquisitionne l’établissement pour les services de l’Ambulance américaine.
Au cours de la guerre, plus de 12.000 blessés y sont soignés. Le lycée parvient à fonctionner tant bien que mal grâce à des locaux loués dans la ville pour l’administration et les classes.
Après le conflit, la remise en état de l’établissement provoque de vives tensions entre la ville et l’Etat, qui veut éviter de participer aux dépenses. Le lycée Pasteur retrouve un fonctionnement quasi normal dès 1919, mais il faut attendre le 18 octobre 1923 pour le voir enfin officiellement inauguré, 30 années après le premier projet.
On ne peut dissocier l’histoire du Lycée Pasteur pendant la Première guerre mondiale de l’histoire de l’American Field Service (A.F.S.).
L’A.F.S. trouve son origine dans l'American Ambulance (volontaires ambulanciers américains) qui avait déjà opéré en France lors de la Guerre de 1870. En août 1914, celle-ci se reforme au Lycée Pasteur de Neuilly, alors inachevé et mis à la disposition des Américains par le gouvernement français. L'usine Ford de Paris fournit les premières automobiles; les conducteurs sont français, américains, anglais. Le service des ambulances est au début de la guerre placé sous la tutelle de l'Hôpital Américain de Neuilly. C'est sous la direction d'A. Piatt Andrew, à partir de mars 1915, que ce service va prendre son véritable essor et son orientation propre, qui aboutira à la rupture avec l'Hôpital Américain en 1916. L'Américain Field Service, désormais indépendant, va oeuvrer dans le sens souhaité par Andrew: opérant avec des conducteurs américains, grâce à des fonds américains, il est dorénavant intégré à l'armée française (par contrat avec le service automobile de celle-ci) et peut ainsi agir sur le front --- field en anglais. En juillet 1916, l'A.F.S. s'installe dans un bel hôtel particulier de Passy, 21 rue Raynouard, cédé grâce à la générosité de la comtesse de la Villestreux et de la famille Hottinguer ; le parc automobile se trouve lui à Boulogne. Les conducteurs américains s'engagent pour 6 mois au moins, payent leurs frais de transport et d'uniformes, mais reçoivent de l'armée française leurs repas et un salaire. Le recrutement est très actif dans les universités américaines ; en 1917, l'A.F.S. compte 2.500 engagés volontaires.
En 1917, une alliance est signée par Mrs Vanderbilt, Anne T. Morgan et A. Piatt Andrew liant l'A.F.S. et l'American Fund for French Wounded: ce dernier s'engage à porter assistance aux voitures endommagées et à soigner les conducteurs et blessés transportés par l'A.F.S. sur leur chemin de retour du front.
Avec l'entrée en guerre des États-Unis en avril 1917, la situation change: à l'action humanitaire de l'A.F.S., qui consistait jusque là à porter secours aux soldats français blessés en les transportant vers des hôpitaux de campagne, s'ajoute désormais un service de transport de troupes et de munitions vers le front, nommé « Reserve Mallet » (du nom de son commandant français, Richard Mallet) : l'A.F.S. prend alors une part active au conflit, et renforce le service des transports de l'armée française. Incorporée à l'armée américaine en octobre 1917, la Réserve Mallet continuera à opérer au sein de l'armée française jusqu'à la fin de la guerre, elle transportera plusieurs centaines de milliers de soldats vers le front, et plus de 6 millions d'obus.
Entre les deux guerres, l'A.F.S. deviendra une organisation d'échanges culturels entre la France et les Etats-Unis, mais dès l'annonce du deuxième conflit mondial, les anciens de la Grande Guerre décident de reformer le Service d'ambulances, sous la direction de Stephen Galatti. La débâcle et l'occupation de la France amènent l'A.S.F. à transférer son quartier général en Angleterre ; désormais l'histoire de l'A.F.S. sera non plus franco-américaine mais vraiment internationale, de même que le programme d'échanges culturels qui poursuit depuis 1945 l'histoire de l'American Field Service.
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